« Les épisodes méditerranéens et cévenols et l’impact sur les bâtis »
Dominique Boussuge, Expert Technique et Scientifique en ouvrages bâtis
Un épisode méditerranéen est un phénomène météorologique du pourtour méditerranéen, producteur d’intenses phénomènes orageux qui se succèdent avec des cumuls de pluies journaliers très importants. Lorsqu’ils affectent principalement les reliefs des Cévennes, on parle alors d’épisode cévenol. Explications de Dominique Boussuge sur ces phénomènes et leurs conséquences.
Par sa saisonnalité, sa fréquence, et sa virulence, on peut le comparer aux phénomènes de moussons et aux cyclones tropicaux.
Avec le changement climatique, on peut identifier que la température des eaux du nord-ouest de la mer Méditerranée est plus chaude. Ce réchauffement des eaux crée en nombre et en intensité des épisodes méditerranéens plus importants.
La périurbanisation et l’exposition au risque
Les études sur les risques naturels montrent bien l’exposition et la vulnérabilité des communes méditerranéennes face aux inondations. Le développement des communes est lié à l’essor des villes et villages qui s’appuie sur le phénomène de périurbanisation. Le développement local et sa croissance urbaine posent le problème de l’imperméabilisation des sols qui perturbe les ruissellements et intensifie les inondations .
Les territoires exposés au risque inondation présentent peu de bâti collectif, mais de plus en plus de maisons individuelles (non mitoyennes ou intégrées à des lotissements) et des maisons de villages, mais aussi quelques mas isolés et des Établissements recevant du public (ERP) (principalement des commerces) et, d’autre part, les équipements publics ainsi que les routes principales qui desservent la commune, elles-mêmes en zone inondable.
Certaines villes ou villages sont construits dans une cuvette topographique encadrée par des plateaux calcaires, lesquels donnent naissance à de petits cours d’eau L’impluvium quasi circulaire entraîne une convergence des écoulements en direction de la zone urbanisée. Afin de limiter tout débordement, ces cours d’eau ont été régularisés et calibrés. Ils passent sous des ponts où les berges et les fonds ont été confortés à l’aide de gabions. Il s’écoule à travers les plateaux calcaires qui limitent ses divagations ce qui conditionne la taille de la vallée alluviale.
Ces cours d’eau présentent un régime hydrologique méditerranéen caractérisé par des étiages sévères et des crues éclairs. Elles se produisent en général au mois de septembre et octobre parfois novembre et exceptionnellement en décembre. De manière simplifiée cela résulte de la rencontre d’une masse d’air chaude et humide en provenance de la mer méditerranée avec le continent aux températures plus froides ou avec un relief.
La vulnérabilité des bâtis et la décompression des sols d’assises des fondations
La vulnérabilité des bâtis construits dans ces zones à risque doit s’apprécier à l’étude de trois critères principaux :
• l’atteinte à la sécurité des personnes : l’agression que le bâtiment est susceptible de subir en cas d’inondation peut-elle entraîner la mise en péril de vies humaines ?
• la perturbation ou l’arrêt de l’utilisation du bâtiment : quel est le délai de retour à un fonctionnement normal du bâtiment suite à l’épisode d’inondation ?
• les effets domino : l’inondation du bâtiment peut-elle entraîner des perturbations sur l’environnement immédiat.
La durée d’immersion est un facteur d’aggravation des dommages. Plus une inondation est longue, plus elle favorise la diffusion de l’humidité dans les murs par phénomènes de capillarité et la dégradation des matériaux par gonflement ou hydrolyse.
Dans le cas d’une plaque de plâtre cartonnée, pour une durée d’immersion de :
• moins d’une journée : il y a 20 % de chance qu’elle soit endommagée,
• de 2 à 3 jours : il y a 50 % de chance qu’elle soit endommagée,
• plus de 3 jours : il y a 100 % de chance qu’elle soit endommagée.
Mais le plus important est la stabilité de l’ouvrage.
Une vitesse de courant élevée (supérieure à un mètre par seconde) peut augmenter notamment l’endommagement des éléments extérieurs de la construction.
Elle aggrave dynamiquement le déséquilibre des pressions statiques sur les parois du bâtiment entre l’extérieur et l’intérieur. Elle peut aussi éroder le sol au droit du bâtiment et provoquer l’affouillement des fondations ( décompression du sol d’assise des fondations) et l’effondrement du bâtiment.
La réglementation et le plan de prévention des risques
Il n’existe pas de réglementation nationale visant les projets de construction ou les constructions existantes en zone inondable.
Au plan régional ou local, le seul document réglementaire est le Plan de prévention des risques naturels prévisibles (PPRNP) qui concerne l’occupation des sols et certaines dispositions constructives. Le PPRNP a été instauré par la loi “Barnier” du 2 février 1995, et peut traiter d’un seul type de risque ou de plusieurs et concerner une seule commune ou plusieurs communes.
Dans le cas de l’inondation, on parlera de Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRi). Il est opposable aux Plans locaux d’urbanisme (PLU) ou aux Plans d’occupation des sols (POS). Il s’impose à tous : particuliers, entreprises, collectivités, ainsi qu’à l’État, lors de la délivrance du permis de construire.
Il établit les règles de constructibilité et peut fixer les modes constructifs des constructions futures mais aussi des constructions existantes. Il importe de tenir compte des mesures rendues obligatoires par le PPRi lors du diagnostic et de la proposition de recommandations.
L’erreur de zonage au plan de prévention des risques inondations (PPRi)
Le PPR inondation est élaboré par le Préfet, et peut classer en zone à risques et parfois totalement inconstructible des terrains ou à l’inverse accepter des constructions dans des lieux à risques
Le zonage du PPR inondation n’est pas lié par le découpage cadastral des parcelles ou par le périmètre d’une propriété.
Avec le changement climatique, nos plans de préventions des risques ne sont plus adaptés et doivent être revus et corrigés. Comme nos modes de construction qui ne sont plus adaptés à nos futurs climats.